"Nous devons agir au plus vite pour nous passer du gaz avant 2040"
Marcel Dings, producteur de fraises néerlandais de Brookberries, parle de la transition énergétique
Marcel Dings producteur de Fraises témoigne. Les serristes Néerlandais ont l'ambition de devenir climatiquement neutre d'ici 2040. Mr Dings a déjà pris de nombreuses décisions. Il nous a fait part de son expérience et de sa vision de l'avenir.
Lors de l'augmentation des prix du gaz pendant la guerre entre la Russie et l'Ukraine, la peur est apparue : « Bon sang, il faut agir avant 2040 pour nous débarrasser du gaz. Nous devons agir plus vite ». C’est le témoignage de Marcel Dings, fraisiculteur à Venlo, aux Pays-Bas. Il a commencé avec la serre de son voisin sur 1 hectare. Maintenant, son entreprise compte 5 sites et près de 30 hectares de fraises sous serre. Les serristes Néerlandais ambitionnent de devenir neutre en carbone en 2040. Marcel et son associé Peter van den Eertwegh sont bien engagés, bien qu'ils aient également rencontré des problèmes. Est-il réaliste que l'horticulture mène la transition énergétique dans le monde ? Mr Dings se pose la question et donne immédiatement la réponse : « Aux Pays-Bas, nous avons un climat favorable, de bonnes infrastructures, beaucoup de connaissances et de fournisseurs. Tout le savoir-faire est ici et s'est répandu dans le monde entier. Etant la nation leader, nous ne devons pas abandonner cette position; bien sûr, en tant que Néerlandais nous devons rester à la tête du mouvement ! » Les serristes Néerlandais s'efforce depuis plus de 10 à 15 ans de se débarrasser du gaz naturel fossile, explique le producteur. « Lors de l'énorme hausse des prix du gaz en août 2022, la peur est apparue. Bon sang, nous ne pouvons plus attendre 2040 pour nous débarrasser du gaz ! Nous devons commencer a économiser dès que possible afin que le produit reste abordable pour les clients. » Le sujet préoccupe le producteur et bon nombre de ses collègues, dit-il. Lors de la rencontre de l'association des producteurs sur 'La Nouvelle Culture' (The new cultivation), il y eu beaucoup de questions et de discussions. Pouvez-vous apporter des modifications à vos process pour diminuer les besoins de chaleur - donc utiliser moins de gaz ? Pouvez-vous mieux isoler la serre et les façades ? Ou modifier la technologie des installations ? Plus d’écrans, d'autres écrans ? Peut-être utiliser la chaleur de la Meuse grâce à l'aqua thermie ? Marcel a déjà pris de nombreuses mesures, mais toutes les innovations ne sont pas des réussites. Il se remémore les 10 hectares de nouveaux projets de 2022. « Nous avons investi dans toutes les techniques possibles qui correspondent à 'La Nouvelle Culture' (the new cultivation). Nous avons isolé les façades au maximum et ajouté des doubles écrans. Nous avons équipé la première serre de LED. » Récemment, 1 000 panneaux solaires ont été installés sur le hangar. Bientôt, il étendra cela avec 3 000 panneaux flottants sur le bassin. Marcel est ambitieux et continue de chercher avec ses employés quelles sont les nouvelles solutions. "Dans cette zone de 70 hectares avec plusieurs producteurs, la géothermie est à une profondeur de 2,5 kilomètres. Combiner ceci avec un stockage de chaleur à haute température dans l'aquifère pourrait être une option. Mais : L'Autorité de surveillance des mines (SODM) a arrêté tous les projets de géothermie dans le nord de la province de Limbourg en raison du risque accru de tremblements de terre. Il faut maintenant attendre que la recherche montre que les risques sismologiques sont acceptables. La possibilité de géothermie peu profonde jusqu'à 1 kilomètre de profondeur a été étudiée, mais le sous-sol s'est avéré inadapté. » Malgré qu'il soit déjà avancé dans la transition écologique de son entreprise, Marcel indique que toutes les innovations ne sont pas des réussites. En 2007, il a mis en place une serre expérimentale "air conditionné" pour commencer la culture de fraises sous cette technique. En fait, le début de 'La Nouvelle Culture' (the new cultivation), c’est-à-dire cultiver de manière économe en énergie tout en optimisant la production, est un projet du comité national fraise de l'époque, LTO Groeiservice. L'innovation a fonctionné en ce qui concerne l'amélioration du climat de la serre grâce à l'utilisation de ventilateurs et de brumisation à haute pression. Malheureusement, le système des pompes à chaleur n’a pas bien fonctionné. "Nous avons beaucoup appris" dit Marcel. Cherchons du côté de l'industrie et de la construction et travaillons ensemble. La recherche d'énergie durable est assez ancienne déjà. Les serristes s’intéressent au chauffage, à l'électricité et aux substituts du gaz. Marcel déclare : "Si nous voulons produire en dehors de la saison, nous avons besoin de sources de chaleur alternatives. Actuellement, nous produisons de l'électricité avec la cogénération et donc avec du gaz naturel. Passer à une énergie produite de manière durable comme les éoliennes, les panneaux solaires ou l'hydrogène est une possibilité." Le producteur appelle à le faire en collaboration avec les industriels et à ne pas vouloir résoudre tous les problèmes tout seul. "Regardez au-delà de son propre secteur et travaillez avec d'autres parties prenantes. L'industrie et la construction ont en effet les mêmes défis. L'eau de refroidissement d'une des grandes centrales électriques au gaz de la région se retrouve dans la Meuse. L'industrie céramique et papetière fonctionne également encore au combustible fossile. Bientôt, il y aura des usines fonctionnant à l'hydrogène et des entreprises rejetant de la chaleur. Une collaboration locale et un échange de cette chaleur résiduelle semblent évidents. La solution à long terme ne réside donc pas uniquement dans notre propre entreprise. Qu’est ce qui se passe autour ? Comment pouvons-nous utiliser la production de chaleur ou d'électricité des uns des autres ? Et quelles sont les solutions potentielles locales ? Si nous pouvons capter ceci intelligemment, alors les défis à long terme sont solvables. "Comment pouvons-nous utiliser la production de chaleur ou d'électricité des uns des autres ? Et quelles sont les solutions potentielles locales ? Si nous pouvons capter ceci intelligemment, alors les défis à long terme sont solvables." - Le fraisiculteur Néerlandais Marcel Dings s’interroge sur la collaboration régionale en matière de durabilité. Il y a 2 ans, l'hydrogène était à peine d’actualité, les producteurs de fruits se sont alors regroupés. Énergie géothermique, hydrogène, Marcel est fier des nombreuses initiatives. "Ici, dans le sud-est des Pays-Bas, nous avons un véritable défi en matière d'énergie géothermique. Dans la région du Westland, le sous-sol est différent. Là-bas, c'est vraiment un succès." Au sujet du forage effectué dans le Limbourg en 2013, il semblait provoquer des vibrations dans le sous-sol. Le projet a été interrompu sans savoir clairement s'il y avait un lien avec l'extraction de chaleur géothermique. Marcel : "Une frustration considérable car il y a quand même 1 300 hectares de serres là-bas." Il y a 2 ans, cela a incité les producteurs de fruits dans le sud-est des Pays-Bas à regarder plus loin et à se regrouper. Les serristes de ces entreprises se rencontrent régulièrement. Ils discutent de la façon de progresser en matière d'énergie. Ils sont également en discussion avec les élus et les autres parties prenantes. Marcel : "Il y a 2 ans, l'hydrogène était à peine d’actualité. On voit maintenant que de plus en plus d'électricité excédentaire produite par les éoliennes en mer est transformée en hydrogène. Cela offre des opportunités. Des conduites d'hydrogène sont prévues dans la région autour de Venlo." Marcel voit comme une opportunité de participer à un groupe de travail sur ce sujet. "Collaborons avec des secteurs comme l'industrie céramique. Ils ont de toute façon besoin d'hydrogène pour les hautes températures." Mon assureur peut également jouer un rôle. Discuter avec votre compagnie d'assurance qui a déjà recueilli des informations auprès de producteurs de fruits à l'intérieur et à l'extérieur du pays, et qui dispose d'exemples pratiques. Surtout parce qu'ils ont beaucoup de connaissances et au-delà de l'horticulture. "La sécurité est quelque chose que nous voulons tous, pas de discussion à ce sujet. Aller vite est en revanche difficile." Marcel reconnaît qu'il y a beaucoup de développements en matière d'énergie et que l'urgence de passer à l'action est élevée chez ses collègues producteurs de fruits. Il appelle au bon sens. "La rapidité en matière d'innovation est difficile. Vous le remarquez lorsque vous travaillez avec des producteurs de fruits sur les projets d’hydrogène. Quand pourrai-je commander cette cogénération ou acheter ce brûleur qui peut fonctionner avec de l'hydrogène ? Ce sont les questions que nous posons alors aux fournisseurs, et souvent ce n'est pas encore prêt. Il en va de même pour les développements autour des petites centrales nucléaires." Marcel parle des discussions avec les industriels travaillant sur des SMR (réacteurs modulaires compacts). "20 % de l'énergie d'un tel SMR est de l'électricité, c’est le support financier. Les 80 % restants sont de la chaleur ! Une belle opportunité de chaleur résiduelle pour les serristes ou la construction résidentielle. Ce qui compte, c'est le long terme. Et souvent, vous vous heurter à la réglementation." "Nous apprenons de l'innovation, parfois les choses ne se passe pas comme prévu." Il y a un an, Marcel et son associé ont construit une nouvelle serre. Le serriste se sert de son bon sens et apprend chaque jour. "L'éclairage à LED à 100 % n'était pas idéal pour notre culture. C'est pourquoi nous avons choisi un éclairage hybride : moitié sodium et moitié LED. La plupart des développements sur l'entreprise ont été pensés en ce sens, en collaboration avec nos équipes. Il parle également avec ses collègues, volontaires mais aussi avec les personnes expertes dans ce type de calculs techniques. Marcel : "Nous cherchons à collaborer avec des fournisseurs qui ont de l'expérience et qui sont novateurs. Ces entreprises comprennent souvent que les connaissances sont enrichies par les producteurs du terrain qui expérimentent. Ainsi, les deux parties progressent et ainsi vous continuez à vous améliorer et à innover. Investir et innover. Nous le faisons à une échelle modeste qui ne nous met pas en péril si quelque chose tourne mal. Si quelque chose ne fonctionne pas ? Nous abandonnons." "Investir et innover. Nous le faisons à une échelle modeste qui ne nous met pas en péril si quelque chose tourne mal. Si quelque chose ne fonctionne pas ? Nous abandonnons." "Assurez-vous de ne pas vous mettre en péril si les choses tournent mal." Les contacts avec des fournisseurs importants, l'attention portée à la fiabilité et à la faisabilité des innovations telles que les e-boilers, l'éclairage à LED, les batteries, les panneaux solaires, la chaleur résiduelle. C'est important mais cela ne se fait pas tout seul, reconnaît Marcel. Il prend des décisions réfléchies et privilégie la sécurité. "Je préfère travailler avec des entreprises qui ont déjà fait leurs preuves. Et si l'une disparaît, une autre doit rapidement la remplacer. Nous avons par exemple opté pour 2 grands fournisseurs de substrat au lieu de 1. Si la cogénération tombe en panne, la chaudière est prête. Si l'électricité est coupée, un générateur de secours est prêt. Les pompes à eau sont doublées ; si l'une tombe en panne, je peux me débrouiller avec l'autre." Pour Marcel, il est important de rester vigilant. "Assurez-vous de pouvoir compter sur quelqu'un ou sur quelque chose, cela évite l'immobilisme." "Tout le monde doit participer, mais ne vous laissez pas entrainer." En ce qui concerne la transition vers une énergie durable, Marcel est clair. "Ceux qui attendent que cela leur soit apporté, ne réussiront pas. Il estime que les entrepreneurs doivent eux-mêmes s'attaquer à la transition énergétique. Soyez curieux et posez-vous les questions suivantes : qu'est-ce qui convient à mon entreprise, dans mon environnement ? Que dois-je faire pour cela et de quoi ai-je besoin ? Collaborer et utilisez tous les acteurs que vous connaissez dans la région pour ne pas avoir à réinventer la roue," c’est l'appel qu'il lance. Une dernière recommandation de Marcel : "Ayez parfois de la patience, et continuez à utiliser votre bon sens !" Ensemble, plus innovant et plus sûrs. Hagelunie est en mesure de vous aider. Les producteurs innovent et développent leurs entreprises. Ils voient des opportunités d'investir et de rendre leur entreprise plus durable en matière d'énergie. Hagelunie veut aider les producteurs à le faire en toute sécurité, à maîtriser les risques et à garantir la continuité de l'entreprise. Nous le faisons en dialoguant avec toutes les parties et en partageant nos connaissances. Marcel Dings : "Même mon assureur peut jouer un rôle. Discuter avec votre assureur qui a déjà recueilli des informations auprès de producteurs nationaux et internationaux et qui disposent d'exemples pratiques est utile. Surtout parce qu'ils ont plus de connaissances, qui vont plus loin que l'horticulture." Ainsi, nous devenons tous ensemble chaque jour plus innovants et plus sûrs. Vous avez des questions à ce sujet ? Contactez votre courtier. Il peut vous mettre en contact avec les spécialistes d’Hagelunie. A propos de la société de Marcel Dings : Marcel Dings est propriétaire, avec son associé Peter van den Eertwegh, de Brookberries aux Pays-Bas. L'entreprise est spécialisée dans la culture de fraises sous serre. En 1999, ils ont acheté une serre existante d'un hectare. À ce jour, ils possèdent près de 30 hectares et produisent 3 500 tonnes de fraises. Les variétés qu'ils produisent sont Elsanta, Opera, Sonata, Sonsation, Fandango et Favori. En plus des fraises, l'entreprise a également commencé une nouvelle culture avec 7 autres entreprises horticoles : la culture de fruits de la passion. Marcel Dings est actif dans divers conseils. Il est notamment membre de notre conseil sectoriel des cultures sous abris.